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Attention à la désinformation

Dans un article intitulé « Bronchiolite : une épidémie tardive et virulente », paru dans le JIR, le 8 juin 2021, on peut lire l’affirmation suivante : « connue des grands-mères pour traiter la bronchiolite, la kinésithérapie respiratoire est désormais totalement proscrite du parcours de soin du bébé ».

L’URPS MK OI a rédigé un droit de réponse intitulé « Non, la kinésithérapie respiratoire n’est pas totalement proscrite dans la bronchiolite ! » que nous invitons à consulter en cliquant sur ce lien.

Depuis la publication des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la prise en charge du premier épisode de bronchiolite du nourrisson de moins d’un an, en novembre 2019, de nombreux articles de presse laissent à penser que la kinésithérapie n’a plus sa place dans la prise en charge de cette pathologie, qu’elle est inutile voire néfaste.

Attention à la désinformation et aux mauvaises interprétations de ces recommandations.
Alors, la kinésithérapie respiratoire est-elle réellement contrindiquée en cas de bronchiolite ?
Quel risque sur le système de santé et les urgences en cas d’évincement du kinésithérapeute dans la prise en charge de la bronchiolite ?

La bronchiolite, qu’est-ce que c’est ?

La bronchiolite est une infection respiratoire des petites bronches due à un virus respiratoire très répandu et très contagieux. Cette maladie est liée au Virus respiratoire syncytial (VRS), potentiellement grave pour les jeunes enfants. Chaque année, en France, ce sont 30% des enfants de moins de deux ans qui sont affectés par la bronchiolite. Bien que le plus souvent bénigne, elle nécessite parfois une hospitalisation pour certains enfants fragilisés. [Source]

Jusqu’en 2019, la HAS recommandait la kinésithérapie respiratoire pour prendre en charge les enfants atteints par la bronchiolite, soulager les symptômes de gêne respiratoire mais également rassurer les parents. Or les recommandations publiées en novembre 2019, ont mis le doute sur la place du kinésithérapeute dans la prise en charge de cette maladie. Pourtant, les kinésithérapeutes ont toute légitimité pour intervenir dans le cadre de la bronchiolite.

Qui sont les enfants visés par les recommandations de la HAS de 2019 ?
Il s’agit des nourrissons de moins d’un an qui présentent un premier épisode de bronchiolite aiguë. Il s’agit là d’une minorité des enfants pris en charge en kinésithérapie libérale.

Par ailleurs, les recommandations précisent que, pour le tiers d’entre eux, la kinésithérapie respiratoire peut quand même se discuter : enfant fragile (prématuré, pathologie chronique…) et pour l’asthme du nourrisson dès le 3ème épisode de bronchiolite et même le 2ème épisode en cas de terrain allergique, le kinésithérapeute est tout à fait compétent.

La kinésithérapie respiratoire leur est-elle vraiment contre-indiquée ?

Pour ces nourrissons de moins d’un an qui font leur première bronchiolite, certaines techniques comme le clapping, les vibrations ou le drainage postural sont contre-indiquées car elles produisent des effets néfastes.
Toutefois, depuis 1994 ces anciennes techniques sont proscrites et inutilisées par les kinésithérapeutes [source].

Par contre, en ce qui concerne les techniques de modulation du flux respiratoire, il est question de « non recommandation » pour la simple raison, non pas qu’elles soient dangereuses, mais qu’il n’y a pas d’étude sur le sujet. La HAS ne tranche pas mais elle recommande que des études soient réalisées pour évaluer l’impact de cette technique sur le recours hospitalier.

A contrario, on ne peut nier l’efficacité de la kinésithérapie respiratoire sur la réduction des durées d’hospitalisation des nourrissons atteints par la bronchiolite. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la HAS met en avant l’organisation des kinésithérapeutes en réseaux de soins bronchiolite, qui prennent en charge les nourrissons et rassurent les parents le week-end, les jours fériés…

En effet, le kinésithérapeute est un professionnel de santé, formé pour ausculter le nourrisson comme l’enfant, assurer son suivi (saturation, fièvre, état respiratoire, prises alimentaires, hydratation…), évaluer la gravité de la maladie et réorienter vers les urgences ou le médecin désigné par le patient en cas de besoin [source].

Outre les gestes techniques, le kinésithérapeute remplit un rôle d’éducation et délivre les informations adéquates aux parents. Il peut former les parents aux gestes tels que le mouchage, les règles d’hygiène permettant de limiter la contagion… et il délivre des conseils pour améliorer le confort du nourrisson. Il assure un suivi de l’état de santé du nourrisson et peut détecter des signes d’aggravation et orienter le cas échéant vers un autre professionnel de santé.

En conclusion, le rôle du kinésithérapeute libéral et des réseaux bronchiolite est fondamental pour éviter de surcharger les urgences pédiatriques, soulager et améliorer le bien-être des nourrissons, ainsi que pour rassurer et éduquer les parents sur la pathologie.